Sécheresse immobilière : la procédure complète pour déclarer les dommages et protéger votre bien

Face à l’augmentation des épisodes de sécheresse en France, les propriétaires immobiliers se trouvent de plus en plus confrontés à des dommages structurels sur leurs bâtiments. Les sols argileux, particulièrement sensibles aux variations hydriques, provoquent des mouvements de terrain qui fragilisent les fondations et les murs des habitations. Ce phénomène, techniquement qualifié de retrait-gonflement des argiles, engendre chaque année des sinistres coûteux pour les propriétaires. La reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle constitue souvent la condition préalable à toute indemnisation. Comprendre la procédure de déclaration, connaître les démarches administratives et mettre en place des mesures préventives devient donc primordial pour protéger son patrimoine immobilier face à ce risque climatique grandissant.

Comprendre le phénomène de sécheresse immobilière et ses impacts

La sécheresse immobilière désigne les conséquences des périodes prolongées sans précipitations significatives sur les bâtiments. Ce phénomène affecte principalement les constructions situées sur des sols argileux. En effet, ces types de sols ont la particularité de se contracter fortement en période de sécheresse et de gonfler lors des réhydratations. Ces mouvements différentiels du sol exercent des pressions variables sur les fondations des bâtiments, créant des tensions structurelles qui peuvent aboutir à l’apparition de fissures plus ou moins importantes.

Les régions françaises ne sont pas toutes exposées de la même manière à ce risque. Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) a établi une cartographie précise des zones à risque sur l’ensemble du territoire national. Cette carte, consultable en ligne, classe les zones selon trois niveaux d’exposition : faible, moyen et fort. Les départements du sud-ouest, du centre et du nord-est de la France figurent parmi les plus touchés par ce phénomène.

Les manifestations visibles des dommages liés à la sécheresse sur un bâtiment sont multiples :

  • Apparition de fissures en façade, généralement obliques et plus larges en haut qu’en bas
  • Déformation des huisseries (portes et fenêtres qui ne ferment plus correctement)
  • Disjonction entre les éléments de construction (murs/planchers)
  • Rupture de canalisations enterrées
  • Décollement des bâtiments annexes (garages, terrasses)

L’évolution du phénomène avec le changement climatique

Les experts climatiques s’accordent sur l’augmentation probable de la fréquence et de l’intensité des épisodes de sécheresse dans les décennies à venir, en lien direct avec le réchauffement climatique. Cette tendance inquiétante laisse présager une aggravation du problème pour le parc immobilier français. Selon les données de la Caisse Centrale de Réassurance (CCR), le coût des sinistres liés au retrait-gonflement des argiles pourrait augmenter de 50% d’ici 2050.

Face à ce constat, la prise en compte du risque sécheresse devient un enjeu majeur tant pour les propriétaires actuels que pour les futurs acquéreurs. Depuis janvier 2020, une nouvelle obligation d’information des acquéreurs et locataires est entrée en vigueur. Elle impose la fourniture d’une étude géotechnique préalable pour les terrains situés dans des zones d’exposition moyenne ou forte au phénomène de retrait-gonflement des argiles.

Pour les propriétaires, comprendre ce phénomène naturel constitue la première étape d’une démarche responsable visant à protéger leur patrimoine immobilier. Cette connaissance permet d’identifier rapidement les premiers signes d’un sinistre potentiel et d’entamer les démarches nécessaires dans les meilleurs délais, maximisant ainsi les chances d’obtenir une indemnisation adéquate.

Les étapes préliminaires à la déclaration de sinistre

Avant d’entamer les démarches officielles de déclaration, plusieurs actions préliminaires doivent être entreprises par le propriétaire qui constate des dégradations potentiellement liées à la sécheresse. Ces étapes préparatoires sont déterminantes pour constituer un dossier solide et augmenter les chances de reconnaissance du sinistre.

Détecter et documenter les dommages

La première action consiste à repérer et documenter minutieusement l’ensemble des dégradations visibles sur la propriété. Cette documentation servira de base au dossier de déclaration et constituera une preuve de l’état du bien au moment du constat. Il est recommandé de :

  • Photographier tous les dommages sous différents angles
  • Mesurer la largeur et la longueur des fissures
  • Noter la date d’apparition des premiers désordres
  • Suivre l’évolution des dégradations dans le temps
  • Conserver les témoignages des voisins si leurs propriétés sont également touchées

Cette phase d’observation doit être réalisée avec méthode. Les experts en bâtiment recommandent d’utiliser des témoins en plâtre sur les fissures importantes pour suivre leur évolution. Ces témoins, simples à installer, se fissureront à leur tour si le mouvement se poursuit, fournissant ainsi une preuve tangible de l’évolution du phénomène.

Vérifier la couverture d’assurance

Avant d’aller plus loin, il est fondamental de vérifier les termes exacts de son contrat d’assurance habitation. Tous les contrats multirisques habitation incluent normalement une garantie contre les catastrophes naturelles, mais les modalités de prise en charge peuvent varier. Points à vérifier :

Le montant de la franchise légale (actuellement fixée à 1 520 euros pour les habitations)

Les délais de déclaration après reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle

Les exclusions éventuelles spécifiques au contrat

Les conditions particulières concernant les bâtiments annexes

Il est judicieux de prendre contact avec son agent d’assurance pour obtenir des clarifications sur la procédure spécifique à suivre avec la compagnie concernée. Certains assureurs disposent de formulaires dédiés ou de plateformes en ligne pour faciliter les déclarations de ce type.

Consulter un expert indépendant

Bien que cette démarche représente un coût, faire appel à un expert en bâtiment indépendant peut s’avérer stratégique avant même de déposer une déclaration officielle. Cet expert pourra :

Confirmer l’origine des désordres et leur lien avec la sécheresse

Évaluer l’ampleur réelle des dégâts, y compris ceux non visibles à l’œil nu

Estimer le coût des réparations nécessaires

Fournir un rapport technique qui renforcera considérablement le dossier

Le rapport d’expertise constitue une pièce maîtresse du dossier, particulièrement utile en cas de contestation ultérieure par l’assureur. Les honoraires de l’expert indépendant oscillent généralement entre 500 et 2000 euros selon la complexité du cas et l’étendue des dommages à évaluer.

Ces démarches préliminaires, bien que chronophages, constituent le socle d’une procédure de déclaration efficace. Elles permettent de gagner un temps précieux une fois la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle obtenue, moment où les délais de déclaration deviennent contraignants.

La procédure officielle de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle

La reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle représente l’étape déterminante pour obtenir une indemnisation des dommages causés par la sécheresse. Cette procédure, encadrée par la loi du 13 juillet 1982, suit un cheminement administratif précis que tout propriétaire concerné doit maîtriser.

La demande auprès de la mairie

Le processus débute obligatoirement par une démarche auprès de la mairie de la commune où se situe le bien sinistré. Le propriétaire doit adresser un courrier officiel au maire, accompagné d’éléments probants :

  • Un courrier détaillant la nature des dommages constatés
  • La date approximative d’apparition des premiers désordres
  • Des photographies des dégradations
  • Tout document technique disponible (rapport d’expert, devis de réparation)

Cette demande peut être réalisée à tout moment après la constatation des dommages, mais il est recommandé de ne pas attendre. En effet, les maires regroupent généralement les demandes pour formuler une requête collective auprès de la préfecture. Plus le nombre de demandes est élevé dans une commune, plus les chances d’obtenir la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle augmentent.

La mairie n’est pas tenue d’informer le demandeur du suivi de sa requête, mais rien n’empêche de solliciter régulièrement des informations sur l’avancement du dossier. Certaines communes mettent en place des procédures spécifiques lors d’épisodes majeurs de sécheresse, facilitant le regroupement des demandes.

L’examen par la commission interministérielle

Une fois que la mairie a transmis la demande à la préfecture, celle-ci la fait suivre au ministère de l’Intérieur. Le dossier est alors examiné par la Commission Interministérielle Catastrophes Naturelles. Cette commission, composée d’experts et de représentants ministériels, se réunit régulièrement pour statuer sur les demandes.

Pour les phénomènes de sécheresse-réhydratation des sols, la commission s’appuie sur des critères météorologiques précis :

L’analyse du déficit hydrique du sol durant la période concernée

La comparaison avec les données historiques sur une période de référence

La présence avérée d’argiles sensibles dans le sous-sol de la zone

Ces évaluations sont réalisées à l’aide de données fournies par Météo France et le BRGM. La commission émet ensuite un avis favorable ou défavorable pour chaque commune concernée.

La publication de l’arrêté interministériel

Si l’avis de la commission est favorable, un arrêté interministériel est publié au Journal Officiel. Cet arrêté liste les communes reconnues en état de catastrophe naturelle, précise la nature du phénomène concerné (ici la sécheresse) et délimite la période pendant laquelle il est réputé s’être produit.

La publication de cet arrêté déclenche automatiquement un délai de 10 jours ouvrés durant lequel les sinistrés doivent impérativement déclarer leur sinistre à leur assureur s’ils ne l’ont pas déjà fait. Ce délai est non négociable et son non-respect peut entraîner un refus d’indemnisation, même si l’état de catastrophe naturelle est reconnu.

Il convient de noter que les mairies ont l’obligation d’informer leurs administrés de la parution de l’arrêté. Toutefois, par sécurité, il est recommandé de consulter régulièrement le Journal Officiel ou les sites gouvernementaux dédiés qui répertorient ces informations.

Cette procédure administrative peut s’avérer longue – plusieurs mois, voire plus d’un an dans certains cas. Face à cette réalité, il peut être judicieux d’entreprendre certaines mesures conservatoires pour éviter l’aggravation des dommages, tout en veillant à conserver les preuves nécessaires à l’indemnisation future.

Les démarches auprès de l’assurance et le processus d’indemnisation

Une fois l’arrêté de catastrophe naturelle publié, s’ouvre la phase cruciale des démarches auprès de l’assureur pour obtenir l’indemnisation des dommages. Cette étape nécessite rigueur et méthode pour optimiser les chances d’une prise en charge satisfaisante.

La déclaration formelle à l’assureur

Dès la publication de l’arrêté interministériel au Journal Officiel, le propriétaire dispose de 10 jours ouvrés pour déclarer officiellement le sinistre à son assureur. Cette déclaration doit être effectuée par lettre recommandée avec accusé de réception et contenir :

  • Les références du contrat d’assurance
  • La description détaillée des dommages constatés
  • La référence à l’arrêté de catastrophe naturelle (date de publication et commune concernée)
  • L’ensemble des documents justificatifs (photos, témoignages, factures antérieures, etc.)
  • Si disponible, le rapport de l’expert indépendant mandaté précédemment

Il est fortement recommandé de joindre une estimation chiffrée des réparations nécessaires, sous forme de devis établis par des professionnels du bâtiment. Ces devis constituent une base de négociation avec l’assureur et permettent d’avoir une vision claire de l’ampleur financière du sinistre.

Même si des échanges informels ont déjà eu lieu avec l’assureur avant la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, cette déclaration formelle reste obligatoire et doit respecter le délai légal de 10 jours.

L’expertise par l’assurance

Suite à la déclaration, l’assureur mandate généralement un expert pour évaluer les dommages sur place. Cette expertise est une étape déterminante qui conditionne le montant de l’indemnisation. L’expert d’assurance a pour mission de :

Vérifier la réalité des dommages déclarés

Établir le lien de causalité entre ces dommages et le phénomène de sécheresse

Estimer le coût des réparations nécessaires

Déterminer si certains dommages préexistaient à l’événement

Le rendez-vous d’expertise doit être préparé avec soin. Le propriétaire a tout intérêt à :

  • Être présent lors de la visite de l’expert
  • Avoir rassemblé tous les documents pertinents (photos chronologiques, témoignages, etc.)
  • Présenter les devis déjà obtenus
  • Si possible, être accompagné par son propre expert (contre-expertise)

En cas de désaccord avec les conclusions de l’expert d’assurance, le propriétaire peut contester l’expertise et demander une contre-expertise. Cette démarche peut nécessiter l’intervention d’un expert d’assuré dont les honoraires restent généralement à la charge du propriétaire, sauf convention contraire.

Le calcul et le versement de l’indemnisation

Après validation du rapport d’expertise, l’assureur procède au calcul de l’indemnisation en tenant compte de plusieurs paramètres :

La franchise légale applicable aux catastrophes naturelles (1 520 euros pour les biens à usage d’habitation)

La vétusté éventuelle des éléments endommagés

Les plafonds de garantie prévus au contrat

Les exclusions contractuelles éventuelles

L’indemnisation est versée en deux temps dans la majorité des cas :

  • Un premier versement correspondant à une avance sur le montant des travaux estimés
  • Le solde sur présentation des factures acquittées justifiant la réalisation effective des travaux

Le Code des assurances prévoit que l’indemnité doit être versée dans un délai de trois mois à compter de la remise de l’état estimatif des biens endommagés ou des pertes subies, ou de la date de publication de l’arrêté si celle-ci est postérieure.

En cas de retard dans le versement de l’indemnité, celle-ci produit intérêt au taux légal, sauf cas fortuit ou de force majeure.

Il est primordial de conserver l’ensemble des échanges avec l’assureur (courriers, emails, comptes-rendus d’appels téléphoniques) ainsi que tous les justificatifs de dépenses engagées. Ces documents peuvent s’avérer déterminants en cas de litige ultérieur.

Les recours possibles en cas de difficultés

Malgré le cadre légal entourant la procédure d’indemnisation des dommages liés à la sécheresse, de nombreux propriétaires rencontrent des obstacles dans leurs démarches. Qu’il s’agisse d’un refus de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle ou d’un désaccord avec l’assureur sur le montant de l’indemnisation, plusieurs voies de recours existent.

Contester un refus de reconnaissance de catastrophe naturelle

Lorsqu’une commune voit sa demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle rejetée, les propriétaires peuvent engager plusieurs actions :

  • Former un recours gracieux auprès du ministère de l’Intérieur dans un délai de deux mois suivant la publication de l’arrêté de non-reconnaissance
  • Solliciter la mairie pour qu’elle dépose une nouvelle demande en apportant des éléments complémentaires
  • Introduire un recours contentieux devant le tribunal administratif dans un délai de deux mois suivant la publication de l’arrêté

Le recours contentieux nécessite généralement l’assistance d’un avocat spécialisé en droit administratif. Ce recours peut s’appuyer sur plusieurs arguments :

La contestation des données météorologiques utilisées par la commission

La mise en évidence d’une erreur manifeste d’appréciation

La présentation d’études géotechniques contradictoires

Ces procédures peuvent être longues (parfois plusieurs années) mais ont déjà abouti à des décisions favorables aux sinistrés, notamment lorsque des communes voisines présentant des caractéristiques géologiques similaires ont été reconnues en état de catastrophe naturelle.

Les litiges avec l’assureur

En cas de désaccord avec l’assureur sur l’indemnisation proposée, plusieurs niveaux de recours s’offrent au propriétaire :

La réclamation interne : Première étape, elle consiste à adresser un courrier détaillé au service réclamations de la compagnie d’assurance en exposant précisément les points de désaccord et les arguments justifiant une révision de l’offre.

La médiation de l’assurance : Si la réclamation n’aboutit pas, le recours au Médiateur de l’Assurance représente une alternative gratuite et efficace avant toute action judiciaire. Le médiateur, indépendant, rend un avis dans un délai de 90 jours. Bien que non contraignant juridiquement, cet avis est généralement suivi par les assureurs.

L’action judiciaire : En dernier recours, une action peut être intentée devant le tribunal judiciaire du lieu où se situe le bien. Cette procédure nécessite l’assistance d’un avocat si le montant du litige dépasse 10 000 euros. Le délai de prescription est de deux ans à compter du jour où le sinistré a eu connaissance du sinistre.

L’appui des associations de sinistrés

Face aux difficultés rencontrées par de nombreux propriétaires, des associations de sinistrés se sont constituées dans plusieurs régions françaises. Ces structures apportent un soutien précieux :

  • Partage d’expériences et d’informations entre sinistrés
  • Mutualisation des frais d’expertise ou d’avocat
  • Représentation collective auprès des pouvoirs publics
  • Pression médiatique pour faire avancer les dossiers

Des associations comme « Les Oubliés de la Canicule » ou « Sécheresse et Constructions » ont acquis une expertise significative et peuvent orienter efficacement les sinistrés dans leurs démarches. Leur action a parfois conduit à des évolutions législatives favorables aux victimes de sécheresse.

Ces différentes voies de recours peuvent sembler complexes, mais elles ont prouvé leur efficacité dans de nombreux cas. La persévérance et la qualité du dossier constitué dès les premières constatations de dommages restent les meilleurs atouts du propriétaire pour faire valoir ses droits.

Stratégies préventives pour protéger votre bien immobilier

Au-delà des procédures de déclaration et d’indemnisation, la protection préventive du patrimoine immobilier contre les effets de la sécheresse constitue un enjeu majeur pour les propriétaires. Des mesures techniques et des adaptations comportementales peuvent considérablement limiter les risques de dommages.

Aménagements extérieurs et gestion des abords

L’environnement immédiat de la construction joue un rôle déterminant dans la prévention des dommages liés à la sécheresse. Plusieurs interventions peuvent être envisagées :

  • Création d’une barrière étanche autour de la maison (trottoir périphérique de 1,5 m de large minimum)
  • Installation de systèmes de drainage pour éloigner les eaux pluviales des fondations
  • Mise en place de gouttières efficaces avec évacuation des eaux à distance de la construction
  • Contrôle régulier de l’étanchéité des réseaux enterrés (eau, assainissement)

La gestion de la végétation proche du bâti mérite une attention particulière. Les arbres et arbustes à fort développement racinaire (chênes, peupliers, saules) devraient être plantés à une distance minimale égale à leur hauteur à maturité. Pour les sujets existants trop proches, l’installation d’écrans anti-racines peut limiter leur impact sur le sol à proximité des fondations.

En période de sécheresse prolongée, un arrosage modéré et régulier du sol autour des fondations peut maintenir une certaine stabilité hydrique, à condition qu’il soit pratiqué de façon homogène pour éviter les différentiels d’humidité.

Renforcement structurel du bâtiment

Pour les constructions existantes présentant déjà des signes de faiblesse ou situées en zone à fort risque, des travaux de renforcement peuvent s’avérer nécessaires :

  • Reprise en sous-œuvre des fondations pour les approfondir
  • Installation de micropieux pour reporter les charges en profondeur sur des couches de sol stables
  • Mise en place de chaînages horizontaux et verticaux pour rigidifier la structure
  • Traitement des fissures existantes par des techniques adaptées à leur nature

Ces interventions représentent un investissement conséquent mais peuvent s’avérer rentables à long terme en évitant des sinistres répétés. Elles peuvent dans certains cas bénéficier d’aides financières, notamment via le dispositif MaPrimeRénov’ ou des subventions de l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH).

Pour les projets de construction neuve en zone à risque, des prescriptions particulières doivent être respectées :

Réalisation d’une étude géotechnique préalable (obligatoire depuis janvier 2020 dans les zones d’aléa moyen ou fort)

Adaptation du système de fondations aux caractéristiques du sol

Rigidification de la structure par des chaînages appropriés

Mise en place de joints de rupture entre les différentes parties du bâtiment

La vigilance lors des transactions immobilières

Pour les acquéreurs potentiels, l’anticipation du risque sécheresse doit faire partie intégrante de la démarche d’achat :

  • Consulter les cartes d’aléa retrait-gonflement des argiles du BRGM
  • Vérifier si la commune a déjà fait l’objet d’arrêtés de catastrophe naturelle pour ce phénomène
  • Examiner attentivement l’état des risques naturels et technologiques (ERNT) fourni par le vendeur
  • Porter une attention particulière aux fissures existantes lors des visites
  • Ne pas hésiter à commander une expertise spécifique en complément du diagnostic technique

Pour les vendeurs dont le bien a subi des dommages liés à la sécheresse, la transparence reste la meilleure stratégie. Les réparations effectuées doivent être documentées et les sinistres passés déclarés, sous peine de voir la vente annulée ultérieurement pour vice caché.

L’assurance habitation mérite également une attention particulière. Certains contrats proposent des garanties optionnelles couvrant spécifiquement les dommages liés à la sécheresse, indépendamment de la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. Ces options, bien que représentant un surcoût, peuvent constituer une sécurité appréciable dans les zones à fort risque.

La prévention représente l’approche la plus efficace face au risque sécheresse. Elle permet non seulement de préserver la valeur du patrimoine immobilier mais aussi d’éviter les désagréments considérables liés aux procédures d’indemnisation, souvent longues et complexes.

Pour aller plus loin : ressources et perspectives d’évolution

Face à l’amplification du phénomène de sécheresse immobilière, le cadre réglementaire et les outils disponibles évoluent constamment. S’informer et anticiper ces évolutions permet aux propriétaires de mieux protéger leur patrimoine et d’optimiser leurs démarches en cas de sinistre.

Les outils d’information et de prévention disponibles

De nombreuses ressources sont accessibles pour aider les propriétaires à évaluer et gérer le risque sécheresse :

  • Le site Géorisques (georisques.gouv.fr) permet de consulter les cartes d’aléa retrait-gonflement des argiles et l’historique des arrêtés de catastrophe naturelle par commune
  • Les Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN) spécifiques au retrait-gonflement des argiles, consultables en mairie ou en préfecture
  • Les guides techniques publiés par le Ministère de la Transition écologique à destination des propriétaires et des constructeurs
  • Les fiches pratiques de l’Agence Qualité Construction (AQC) sur la prévention des désordres liés aux sols argileux

Des applications mobiles commencent également à voir le jour, permettant de signaler et suivre les épisodes de sécheresse ou de visualiser les zones à risque. L’application « Prévi Risques » développée par Calyxis ou « MétéoCiel » proposent des fonctionnalités intéressantes pour les propriétaires vigilants.

Les bureaux d’études géotechniques proposent désormais des prestations spécifiquement adaptées à cette problématique, depuis le simple diagnostic jusqu’à l’élaboration de solutions techniques sur mesure. Leur consultation préventive, bien que représentant un investissement initial, peut générer d’importantes économies à long terme.

Les évolutions législatives et assurantielles

Le cadre juridique entourant la problématique de la sécheresse immobilière connaît des évolutions significatives :

La loi ELAN de 2018 a renforcé l’information des acquéreurs et locataires dans les zones exposées

La loi Climat et Résilience de 2021 a introduit de nouvelles dispositions concernant l’adaptation des constructions aux risques climatiques

Des discussions sont en cours pour faire évoluer les critères de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, jugés trop restrictifs par de nombreux sinistrés

Du côté des assureurs, des évolutions sont également perceptibles :

  • Développement de contrats proposant une couverture spécifique « sécheresse » indépendante du régime catastrophe naturelle
  • Mise en place de services d’accompagnement dédiés aux sinistrés
  • Financement de recherches sur les techniques de construction adaptées aux sols argileux

Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte plus large d’adaptation au changement climatique. Les projections indiquent une augmentation probable de la fréquence et de l’intensité des épisodes de sécheresse dans les décennies à venir, rendant ces questions toujours plus pertinentes pour les propriétaires.

Vers une approche collective et territoriale

Au-delà des démarches individuelles, une tendance à l’approche collective et territoriale du risque sécheresse se dessine :

Des collectifs de sinistrés se structurent au niveau local et national pour peser sur les évolutions réglementaires

Des communes mettent en place des politiques spécifiques d’adaptation au risque, intégrées dans leurs documents d’urbanisme

Des initiatives de cartographie participative des dommages émergent pour compléter les données officielles

Cette dimension collective peut offrir un soutien précieux aux propriétaires isolés face à des procédures complexes. L’adhésion à une association locale de sinistrés ou la participation à des initiatives citoyennes de partage d’informations constituent des démarches pertinentes, particulièrement dans les zones fortement exposées.

Les collectivités territoriales développent progressivement leur expertise sur ce sujet et peuvent proposer des services d’accompagnement aux administrés concernés. Certaines régions particulièrement touchées, comme l’Occitanie ou le Centre-Val de Loire, ont mis en place des dispositifs d’information spécifiques et des permanences dédiées.

Cette approche globale du risque sécheresse, combinant vigilance individuelle, évolutions réglementaires et dynamiques collectives, semble la plus prometteuse pour faire face à un phénomène qui, selon toute vraisemblance, continuera de s’amplifier dans les années à venir. Pour les propriétaires, rester informés de ces évolutions et s’impliquer dans ces dynamiques collectives constitue un complément judicieux aux mesures préventives individuelles.